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Le Salut de Manu
14 mars 2021

Le CAC40 en chiffres

Salut à tous,
J'ai des chiffres à donner et beaucoup. Ça se fera donc en plusieurs fois. Il s'agit d'une étude sur l'actionnariat et le CAC 40 que j'ai lu dans Alternatives économiques. C'est très parlant sur l’absurdité de notre économie moderne.
Tout d'abord les entreprises se financent plutôt par l'emprunt, le financement par l'action est très marginal. Il ne représente que 0,4% des financements. Mais en 2019 les dividendes versés représentaient quand même 200 milliards d'euros. Une grosse partie est versée à des entreprises qui sont actionnaires d'autres entreprises. 35 milliards "seulement" vont aux ménages français mais bon ce n’est pas tous les ménages français. 0,1% des ménages captent 66% de ces dividendes soit 24 milliards. Et 0,01% soit 3 800 ménages en captent un tiers soit 12 milliards... Ça fait quand même 315 000 € pour chacun par an (21 ans de Smic tous les ans, sans travailler). Depuis sa réforme, les revenus du capital ne sont plus pris en compte dans le calcul de l'ISF et avec la "flat tax" le taux maximal d'imposition des revenus du capital est de 30% (quand celui du travail est de 46). Ai-je besoin de vous dire à quel point ces 3 800 ménages ont dû être content de ces réformes faites par ordonnance par Macron. S'il n'est pas le président des riches il est bien celui des ultras-riches sans aucun doute.
Passons maintenant au CAC 40 qui représente les 40 plus grandes entreprises françaises cotées en bourse. À elles seules elles font 1 391 milliards de chiffres d'affaires soit 57% du PIB. Le pouvoir économique est donc particulièrement concentré en France. Par contre elles ne représentent que 33% des investissements, et 17% des salariés français. Ces entreprises représentent donc, bien plus de la moitié de la richesse nationale produite mais en employant moins d'un salarié sur 5 et ne représentent qu’un tiers des investissements. Elles ne sont donc ni les championnes de la lutte contre le chômage ni des entreprises tournées vers l'avenir. Les gouvernements successifs de droite comme de gauche qui les couvrent de cadeaux à coup de crédits d'impôts et de niche fiscales leur permettant de ne payer quasiment aucun impôt semblent l'ignorer.
Quant à l'idée d'entreprises "française" : elles ne font plus qu’un quart de leur chiffre d'affaires en France et 41% de leurs actions sont détenues par des étrangers. La santé de l'économie française ou du pouvoir d'achat les intéressent donc très peu.
Enfin le salaire des patrons du CAC 40 : il est en moyenne de 5,18 millions par an (355 ans de Smic, en 6 ans ils gagnent plus qu’un smicard depuis la naissance de jésus Christ) mais le plus gros problème est surtout comment il est calculé. 23% de ce salaire (1,2 millions) est une part fixe, 25% (1,3 millions) en fonction des réalisations des objectifs (il faut bien qu'ils montrent quelques compétences) et 41% (2,12 millions) en part actionnariales (c'est à dire en don d'actions ou en vente à tarif avantageux d'actions (les fameuses stocks options)). Le résultat est que ces patrons n'ont plus pour but principal de réaliser des objectifs économiques ou de développer leur activité mais de faire monter le cours de l'action puisque c'est la plus grosse part de leur revenu. Leur priorité n'est plus de plaire aux clients mais aux actionnaires et vous verrez que c'est exactement ce qu'ils font, à un degré qui dépasse l'entendement...
Allez salut

SUITE envoyée le 21.03.2021

Alors suite sur le CAC40. Pour rappel la rémunération des patrons du CAC40 se fait d'abord en action. Les patrons ont donc tendance à favoriser la rentabilité de l'action (son dividende ou son cours) plutôt que le développement de l'entreprise. Qui nomment le patron et décident comment le payer ? Les actionnaires bien sûr, donc ils le font exprès.
Les 1ers chiffres : Le journal a étudié l'évolution entre 2005 et 2020 des frais de personnel, du chiffre d'affaires, de l'investissement, des bénéfices et des dividendes des entreprises du CAC40. Le calcul est complexe mais sachez que l'évolution n'est pas proportionnelle si l'indice est multiplié par 2 ça ne signifie pas que la somme a multiplié par 2. Par contre les vitesses d'évolution sont très parlantes. En 2005 tous les indices démarrent à 100. En 2020 le chiffre d'affaires est passé à 208, l’investissement à 219 et les frais de personnel à 211. L'évolution est à peu près la même. Par contre le bénéfice est à 270. Ça signifie que le personnel n'est pas vraiment récompensé de ses gains de productivité (conséquents vu l'augmentation des bénéfices) et que le bénéfice ne favorise pas l'embauche. Les dividendes eux sont à 367. Les dividendes augmentent donc bien plus vite que les bénéfices. La part des bénéfices reversés aux actionnaires a donc fortement augmenté. Normal le patron est payé en action...
Autre approche : les frais de personnel des entreprises du CAC40 ont augmenté de 5% en 15 ans, l'inflation a été de 22%. Les salariés premiers responsables de l'augmentation des bénéfices ont donc perdu du pouvoir d'achat et ces entreprises n'ont pas embauché. Si on enlève Vivendi l'augmentation tombe à 2%. Vivendi fait monter la moyenne pas parce qu'elle a créé des emplois ou augmenter ses salariés mais parce qu'elle a acheté des entreprises gourmandes en main d'œuvres. Ces achats n'apportent rien à l'économie globale. Les emplois et les richesses créées par ces entreprises existaient avant leur rachat. Veolia est passé de 280 000 salariés en 2010 à 180 000 en 2020 (-36%). Hermès entre 2005 et 2020 a multiplié ses revenus par 5, ses bénéfices par 7 et a diminué ses frais de personnel de 26%. Il est donc clair que les entreprises du Cac40 ne favorisent pas l'emploi malgré les aides de l'état mais bien les dividendes. Normal puisque le patron est payé en action.
Ensuite les investissements : Il y a 2 sortes d'investissements : le productif et le financier.
Le financier c'est quand une entreprise rachète une entreprise déjà existante. Cet investissement a un effet nul sur la création de richesse (même explication que pour Vivendi) et souvent un impact négatif sur l'emploi puisque l'entreprise qui achète suppriment au moins les emplois doublons.
L'investissement productif est l'investissement réalisé pour acheter des machines ou faire de la recherche. Si une entreprise se contente de renouveler les machines vieillissantes et les emplois des chercheurs existants le taux de renouvellement est de 100%. S’il est inférieur ça veut dire que l'entreprise ne renouvelle même pas les machines ou les emplois déjà existants… Ce taux entre 2005 et 2020 est de 105% alors que l'inflation est de 22%. Les vrais investissements ont donc diminué en moyenne sur 15 ans malgré l'augmentation des bénéfices. Vinci qui nous explique que l'augmentation des péages d'autoroutes est due aux nécessités d'aménager les autoroutes est à 40% !!! Ils n'ont pas remplacé la moitié de leur machine en 15 ans. Et le bonnet d'âne revient encore une fois à SANOFI. Pourtant une entreprise pharmaceutique devrait forcément investir dans du nouveau matériel et des chercheurs mais ils sont à 26%. Ils arrivent à verser 4 milliards de dividendes en 2020, à toucher des centaines de millions de CIR chaque année mais ils ont divisé par 4 leur investissement !!! Un banquier qui verrait un patron faire ça serait très inquiet. Il lui expliquerait que s’il continue à prélever tous les bénéfices pour sa fortune personnelle et à ne plus investir dans son entreprise va finir par se casser la gueule. Un actionnaire lui s'en moque de l'avenir. Il encaisse chaque année les énormes dividendes puis quand l'entreprise commencera à s'effondrer il vendra ses actions pour acheter celles du concurrent. Les salariés par contre eux iront direct à pôle emploi.
Vous comprenez bien là que la logique de l'actionnaire n'est pas du tout celle d'un chef d'entreprise et que le problème c'est que les entreprises financées par l'actionnariat sont les plus grosses et les plus influentes sur le gouvernement. Macron est un ancien trader. Sa formation et sa culture est donc celle de l'actionnariat. Je pense qu'il gère la France et son économie comme il gérait un portefeuille d'actions. Il n'a pas (ou ne veut pas) intégrer qu'il ne faut pas avoir une vision à court terme.
Voilà ça suffira pour aujourd'hui. La prochaine fois je vous parlerai des dividendes parce que là c'est le pompon.
Allez salut...

FIN envoyée le 28.03.2021

Je vais conclure mes éditos sur les entreprises du cac40. Vous avez bien compris que leurs patrons sont payés en action et gèrent donc ces entreprises dans le seul but de faire monter l'action. Les bénéfices ont fortement augmenté alors que les frais de personnel et d'investissement ont augmenté beaucoup moins vite que l'inflation. Maintenant que font-ils des bénéfices ? Soit l'entreprise les met de côté en cas de coup dur soit elle les distribue à ses actionnaires. Évidemment c'est la réponse B qu'ils ont choisi. Un patron normal engage souvent sa fortune personnelle pour les banques donc même s'il récupère une part importante des bénéfices cet argent peut servir en cas de coup dur. Pour les actionnaires il n'y a strictement aucun engagement vis-à-vis de qui que ce soit. Comme on va parler en milliards je vous rappelle qu'un million de secondes c'est 11 jours. Un milliard c'est 32 ans.
En 2005 elles ont quand même distribué 25 milliards de dividendes. En 2019 : 50 milliards. Ils ont fait ×2 en 15 ans malgré la crise de 2008. En 15 ans ça fait entre 375 et 750 milliards de distribués. Il n'est pas rare que des entreprises versent plus de dividendes que ce qu'elles font de bénéfices. C'est le cas de Vivendi, SAFRAN, Veolia BNP etc… Le pompon revient à Engie qui a reversé 45 milliards de dividendes entre 2005 et 2020 soit 196% de ses bénéfices sur 15 ans. Comment fait-elle ? Elle vend ses filiales. Chaque année elle vend des filiales pour 2 à 3 milliards par an. Engie est la fusion en 2004 entre GDF (alors entreprise publique qu’on avait séparé d’EDF) et Suez pour sauver Suez d'une OPA hostile italienne. Les actionnaires viennent de vendre Suez à Veolia dans le but de continuer à encaisser de gros dividendes. A quoi a servi cette fusion à part à privatiser GDF et à enrichir les actionnaires ? En 2014, 2016 et 2017 Engie était en déficit mais a quand même distribué des dividendes.
Certaines entreprises vont même jusqu'à emprunter pour pouvoir verser les dividendes promis.
Entre 2005 et 2020 elles ont distribué en moyenne 80% de leurs bénéfices. Entre 2005 et 2010 cette moyenne n'était "que" de 67%. Entre 2015 et 2020 elle est de 92%. Pour rappel le chiffre d'affaires des entreprises du Cac40 représente 57% du PIB de la France. Donc 92% des bénéfices faits sur plus de la moitié de la richesse produite en France va directement dans les poches des actionnaires. Cet argent est de l'argent perdu pour les entreprises.
Comme si ça ne suffisait pas, en plus du dividende il y a une autre manière de faire plaisir à l'actionnaire c'est le rachat d'actions. L'entreprise rachète avec son argent propre une partie de ses actions, cela n'a aucun intérêt, à part pour les actionnaires. Ceux qui vendent profitent de la plus-value parce que l'offre d'achat est supérieure au prix de l'action Et ceux qui ne vendent pas voient la valeur de leurs actions augmenter et comme le nombre d'actions a baissé, le dividende versé par action est plus important. En 2019 Vivendi en cumulant rachat d'actions et dividendes a reversé à ses actionnaires 2 600% de ses bénéfices (non je ne me suis pas trompé d'un zéro, 26 ans de bénéfice d'un coup). En cumulant dividendes et rachat d'actions le montant versé aux actionnaires a été multiplié par plus de 3 entre 2005 et 2020. Je vous rappelle qu'entre temps il y a eu la crise de 2008 qui annonçait la fin de la mainmise des marchés financiers sur l'économie réelle.
Je vous rappelle aussi que 41% des actions du Cac40 sont détenues par des étrangers et donc non soumis à l'impôt en France, que 3 800 ménages ramassent à eux seuls un tiers de tous les dividendes versés aux ménages français, que le revenu du capital n'est plus pris en compte dans le calcul de l'ISF et qu'avec la "Flat tax" le taux d'imposition maximal des revenus du capital est de 30% alors que celui du travail est de 41%.
Voilà où va l'argent. Les richesses produites sont systématiquement reversées aux actionnaires au détriment des travailleurs, premiers responsables des bénéfices, et de l'investissement pour assurer l'avenir et aussi de la collectivité vu le peu d'impôts appliqués sur ces revenus. L'argent qui manque à nos hôpitaux, à notre éducation, à notre justice, à notre police, à assurer la transition écologique disparaît tous les ans dans les poches de gens qu'on appelle actionnaires mais dont on ignore même l'identité. Ces gens saignent à blanc nos entreprises et notre économie. Voilà la logique actionnariale que les syndicats dénoncent à grands cris mais qu’aucun média n’explique. Des secteurs clefs de notre économie comme la distribution d’eau, la recherche pharmaceutique, et bientôt EDF sont dans cette logique.
Allez salut
PS : Ne vous inquiétez pas ça ruisselle, c'est Macron qui l'a dit.

 

 

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